Dérèglement climatique rime aussi avec évènements dramatiques

On imagine souvent les conséquences du réchauffement climatique comme une hausse constante des températures. Or si les canicules estivales commencent à devenir une réalité (et à rentrer dans les mœurs comme une réalité encore acceptable pour la grande majorité de la population déconnectée de la réalité physique du monde), c’est oublier la hausse en nombre et en intensité des évènements météorologiques qui vont accompagner cette hausse.

Plus de chaleur dans l’atmosphère, c’est plus d’énergie accumulée et plus d’eau évaporée… et il a toujours un moment où l’énergie potentielle doit se dissiper. Le plus d’énergie libérée, le plus de manifestations violentes de cette libération. La tempête Alex vient de nous le rappeler une nouvelle fois.

Vous êtes en charge d’un patrimoine immobilier, vous gérez des travaux à l’extérieur ou concevez des infrastructures qui seront de plus en plus soumis à des aléas climatiques extrêmes. Avez-vous étudié les nouveaux risques qui arrivent jusqu’à ce qu’ils ne soient plus un risque mais notre réalité avérée ?

Evolution des forêts françaises

Novethic nous informe des effets des changements climatiques sur les forêts françaises que vous voyez investisseur forestier, acteur de la filière bois ou tout simplement habitant d’une zone boisée, il va bien tôt falloir réfléchir à ce que vous allez faire de ces surfaces qui n’attendent plus que les méga-feux en France, après l’Australie, la Californie, l’Amazonie, la Sibérie, il serait étonnant que toute cette masse combustible échappe toujours à son destin thermodynamique.

L’Office National des Forêts (ONF) tente de proposer des réponses mais c’est compliqué lorsque la préservation des forêts devient, pour l’agence, moins importante que les questions de rentabilité

Ce qui autrefois était une bonne affaire de long terme, entre autre pour les droits de succession, risque bien de devenir un placement pouvant littéralement disparaitre en fumée.

Alors que faire ? Se retirer du secteur ? Protéger son patrimoine en travaillant sur l’évolution des essences ? Faire des choix en fonction des différents scénarios du GIEC ? Pour une fois que le long-terme correspond au terme d’un secteur d’activité, il y aurait là de quoi faire un lobbyisme pro-climat, histoire d’éviter le pire… mais déjà il serait bon de faire un bilan de ces risques dans son portefeuille d’investissements.

La fin de l’âge d’or du pétrole (de schiste) ?

Après la sortie du Dow-Jones de Exxon-Mobil, LA société pétrolière par excellence, la multinationale issue de la Standard Oil, la société qui fit de John Davison Rockefeller, l’homme le plus puissant du monde, voilà Schlumberger qui se retire des activités d’exploitation du pétrole de schiste… Décidément il se passe quelque chose dans le monde de l’Or Noir.

Selon le Schift Project, l’avenir du pétrole est en effet plus que compromis, d’abord par une réalité géologique (la quantité de pétrole sur Terre est finie), ensuite par une réalité technologique (notre capacité à aller chercher le pétrole est limitée par les possibilités techniques et les lois de la physique et même si nous faisons des prouesses tous les jours, il y a un moment où il devient stupide de dépenser plus d’énergie qu’il y en a à récupérer si en même temps la qualité et la quantité du pétrole récupéré ne cesse de dégringoler), enfin par une réalité économique (car il faut bien que quelqu’un paye et donc que l’activité économique soit un minimum rentable, sinon elle doit être subventionnée à perte, mais qui assumera cela en plein réchauffement climatique ? Quoique pour certains, c’est déjà le cas et depuis longtemps grâce à la dette mondiale…).

Les projections du Shift Project, basées sur les données issues de l’agence d’intelligence économique norvégienne spécialisée Rystad Energy.

Enfin bref… ça tousse dans le monde du pétrole et on dirait bien que les avertissements de Patrick Pouyanné, le patron de TOTAL, en 2017 ne soient en train de se réaliser…

Le grand débutant sur ces questions vous dira qu’il n’y a pas de problème puisqu’il n’y a qu’à augmenter les prix pour rentabiliser l’affaire. Malheureusement les réalités économiques sont un peu plus complexes que les vœux pieux et le prix d’une denrée vitale n’est pas élastique : vous ne pouvez pas augmenter à l’infini le prix d’une denrée dont votre client a besoin pour survivre, car si votre client ne peut plus se la payer, il meurt… et vous crevez ensuite avec vos stocks d’une valeur infinie sur les bras.

C’est toute l’histoire de la crise de 2008, où un pétrole à 145$ le baril empêcha les classes pauvres américaines de payer leurs emprunts, ce qui déclencha l’effondrement en cascade des montages hasardeux des subprimes. A ce propos, je vous conseille vivement le film “The Big Short”, qui explique parfaitement tout cette période (à part son événement initiateur et pourquoi tout le monde arrêta de payer en même temps). Tout ceci obligea en retour les pays exportateurs de pétrole de baisser leur prix et à vendre à vil prix. Nous en sommes là.

On pourrait à ce point parler de transition énergétique, mais comme le démontre Jean-Baptiste Fressoz dans Collapsus, la transition énergétique est un mythe marketing : concrètement, il n’existe qu’un empilement et une synergisation des énergies. Rien ne viendra remplacer le pétrole dans l’immédiat. Tout d’abord parce que la densité énergétique du pétrole est irremplaçable ensuite parce que les quantités à remplacer sont colossales…

Nous pouvons donc ignorer la réalité, mais la réalité, elle, ne nous ignorera pas… alors n’est-il pas urgent de réfléchir à la résilience et à l’adaptation de nos structures ?